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Les matériaux biosourcés : une approche innovante dans la construction

Damaris Gros

A l’heure où la filière se mobilise pour limiter son empreinte carbone, les matériaux biosourcés font leur apparition, les initiatives se multiplient, les solutions émergent en provenance des start-up et des industriels et les tests se déploient. Mieux comprendre leur qualité, leur usage, et leur bénéfice permet de mesurer l’opportunité qu’ils représentent pour les acteurs, maîtres d’ouvrage, constructeurs, metteurs en œuvre. Voici quelques points de vue et solutions à apprécier.

L’importance croissante du développement durable dans la construction.

La lutte contre le réchauffement climatique, devenue une priorité mondiale, guide les actions de la Stratégie Nationale Bas Carbone en France. L'objectif : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 49% d'ici 2030 et parvenir à une décarbonation totale d'ici 2050. Dans cette perspective, le secteur de la construction est appelé à jouer un rôle crucial en adoptant des matériaux plus durables.

Pour parvenir à cette neutralité carbone d’ici 2050, la Stratégie Nationale Bas Carbone demande aux secteurs économiques français de privilégier les énergies décarbonées, d’améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments via la RE2020 par exemple, d’encourager des comportements sobres, et de promouvoir des produits de construction à faible empreinte carbone et performants, comme les matériaux biosourcés.

Le biosourcé : une solution potentielle pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments.

Les matériaux biosourcés, d'origine végétale ou animale, offrent une alternative verte pour réduire l'empreinte carbone des constructions. Bois, chanvre, laine de mouton, lin, paille, ouate de cellulose et miscanthus en sont quelques exemples. Actuellement, seul le label « produit biosourcé », créé en 2017 par Karibati, garantit un seuil minimal d'intégration de matière végétale ou animale (70 % pour les isolants, 25 % pour les bétons végétaux) permettant de les qualifier comme tels.

Une part de marché des matériaux biosourcés dans le bâtiment en progression.

Historiquement, les matériaux biosourcés ne représentaient qu'une fraction modeste du marché de la construction (environ 5 % pour les systèmes constructifs et 8 % pour les isolants, selon l'ADEME). Cependant, des filières telles que le bois, le chanvre, la paille et la ouate de cellulose montrent une structuration croissante et un développement rapide. L'application de la norme RE2020 accélère cette tendance, incitant les acteurs du secteur à opter pour des matériaux moins carbonés. Cette transition est particulièrement marquée dans le cas des systèmes constructifs en bois, avec des acteurs historiques plébiscitant ou investissant dans ces solutions.

Des avantages techniques et économiques offerts par les matériaux biosourcés.

Les matériaux biosourcés et plus particulièrement les isolants rivalisent avec les isolants traditionnels en apportant des fonctionnalités supplémentaires telles que le confort d'été, la perspirance, ou une meilleure isolation thermique et acoustique. Par exemple, leur capacité hygroscopique supérieure à la moyenne, favorisant la perspirance accrue des bâtiments. En d'autres termes, ils permettent aux constructions de "respirer" en facilitant les flux d'entrée et de sortie de vapeur d'eau. Cette propriété constitue un atout majeur dans la lutte contre l'humidité et la formation de moisissures. Ceci est un exemple des multiples avantages intrinsèques des matériaux biosourcés. Ils offrent une plus-value notable sur l'exploitation des bâtiments, réduisant les coûts de chauffage et de climatisation permettant de compenser une installation plus coûteuse. C’est pour cela que leur comparaison, basée sur le coût, semble délicate et parfois non pertinente.

Des solutions innovantes de matériaux biosourcés qui sont des opportunités d’utiliser « le bon matériau au bon endroit »

Des solutions innovantes de matériaux biosourcés offrent des opportunités pour utiliser « le bon matériau au bon endroit ». Malgré certains défis persistants en termes d'accessibilité et d'intégration sur le marché, ces matériaux présentent des** avantages techniques indéniables**. Par exemple, la paille hachée, proposée par la startup Ielo, offre une isolation thermique biosourcée avec un fort pouvoir de déphasage, contribuant ainsi au confort tant en hiver qu'en été. De plus, elle constitue un puits de carbone considérable et est résistante au feu sous sa forme hachée.

Bien qu'ils puissent présenter une résistance mécanique moindre dans certaines situations, ces matériaux restent adaptés à de nombreux éléments non structurels, offrant ainsi des solutions durables pour la construction. Des entreprises telles que Wall’up et Batilin se positionnent sur ce secteur. Wall’up propose des blocs béton de chanvre/chaux préfabriqués sur ossature bois, offrant une meilleure isolation phonique et thermique. En outre, leur massivité favorise une régulation de l'humidité, résiste au feu et agit comme un puits de stockage de CO2. Quant à Batilin, il s'agit d'un parpaing composé à 80% de lin, de chaux et de laitier, offrant une faible conductivité thermique et une meilleure isolation. Il présente également un fort pouvoir de déphasage pour le confort d'été et une meilleure perméabilité à la vapeur d'eau.

Les perspectives et conditions de succès pour développer l’adoption des matériaux biosourcés.

Les progrès technologiques et les initiatives visant à promouvoir ces matériaux ouvrent la voie à leur déploiement plus large dans le secteur de la construction, favorisant ainsi leur statut de matériaux naturels renouvelables et respectueux de l'environnement. Certains, points sont en Dans ce contexte, il est essentiel d’établir un lien entre le monde agricole et industriel pour standardiser la qualité des produits, garantir la production de volume, former les parties prenantes, et développer localement les filières. La formation des acteurs du bâtiment dès la conception, l'adoption de la stratégie du matériau local, au bon endroit, pour la bonne fonction, et la formation des régulateurs à ces nouveaux matériaux biosourcés sont autant d'étapes cruciales pour surmonter les obstacles actuels et favoriser une adoption plus large de ces matériaux dans la construction. La formation des acteurs du bâtiment dès la conception revêt une importance capitale. L'adoption de la stratégie du matériau local, au bon endroit, pour la bonne fonction, est une approche clé pour maximiser les avantages des matériaux biosourcés. De plus, la sensibilisation des régulateurs à ces nouveaux matériaux est cruciale pour surmonter les obstacles actuels et favoriser une adoption plus large dans la construction. En outre, la conformité aux réglementations en vigueur est indispensable pour bénéficier d'une garantie assurantielle. Ces règles, également connues sous le terme de "techniques courantes", sont indispensables pour accéder à des assurances et éviter les surprimes.

Conclusion

En conclusion, la montée en puissance des matériaux biosourcés dans le secteur de la construction s'inscrit dans un contexte dynamique. Ils sont aujourd'hui considérés comme une alternative crédible, soutenue par une demande croissante et les exigences réglementaires telles que la RE2020. Ce regain d'intérêt des acteurs de la construction, combiné à l'application de règlementations plus restrictives à venir, témoigne de leur importance croissante dans la construction durable.